Le Ministère de l’Ecologie, a fait plancher 11 secteurs sur la question (lire par ailleurs), dans le cadre de son plan de mobilisation.
Il a rendu son rapport le 25 janvier. Résultat des courses : les secteurs impactés par la croissance verte touchent un actif sur deux en France.
Quant aux filières qui ont pu évaluer le maintien/création d’emplois, « 600 000 emplois est une fourchette basse à l’horizon 2020 (*) ».
En revanche, l’étude produite en 2008 pour le WWF (World Wildlife Fund) avance le chiffre de 684 000 postes.
A la différence de la précédente, elle prend en compte les emplois détruits dans les filières polluantes (138000 dans l’énergie, 107 000 dans l’automobile) mais aussi les emplois induits par les économies réalisées par les ménages dans leur consommation énergétiques.
« L’ampleur de ces créations d’emploi dépendra de la réalisation de certaines hypothèses (réalisation des engagements pris, prix des énergies, stratégie industrielle…) », indique le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) dans son rapport. Comprendre…
Le développement durable ne saurait tenir lieu de stratégie unique pour atteindre le plein emploi. Aussi, le COE préconise-t-il un « plan Marshall de la formation ». Nous y voilà ! Selon le COE, 360 000 personnes, dont 70 000 jeunes (contre 50 000 aujourd’hui) devront être formés à l’éco-construction tous les ans. En réalité, poursuit le rapport du COE, il y aura très peu de formations nouvelles créées (lire mon précédent post), mais bien un « verdissement » des métiers.
(*) Une donnée : Selon le Boston Consulting Group, le nombre d’emplois créés suite au Grenelle seraient au nombre de 600 000 d’ici 2020. L’étude, réalisée en 2009, suppose la pleine réalisation des programmes du Grenelle, qui doivent permettre une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2020, et générer environ 450 milliards d’euros d’activité sur douze ans.
Repères
* Dans la catégorie «métiers spécifiquement dédiés à l’environnement», les offres les plus nombreuses (467) concernent l’entretien des espaces naturels.
* Pour les métiers «impactés par le Grenelle de l’environnement», l’installation d’équipements sanitaires et thermiques arrive en tête (2065 offres).
* Parmi les métiers inchangés, mobilisés par le Grenelle, c’est la préparation du gros œuvre et des travaux publics qui recense le plus d’offres (955).
Détail des créations d’emplois prévues par les 11 comités de filières à l’horizon de 2020 :
• La filière bâtiment est la plus porteuse. A horizon de 2020, elle devrait créer 300 000 nouveaux emplois.
Par type de métier, elle prévoit en termes d’effectifs: dans la maîtrise d’ouvrage : 1,6 million de personnes ; dans la maîtrise d’œuvre, l’ingénierie : 234 100 ; dans les entreprises réalisant les travaux : 1192 000 salariés, 260 000 artisans et 100 000 intérimaires ; chez les fournisseurs (industriels et distributeurs) : 456 857 salariés ; chez les exploitants du bâtiment, entretien, maintenance et consommation : 34 000 personnes.
* La filière agriculture et forêts prévoit pour le secteur de l’agriculture 10 000 créations nettes d’emplois dont 7 600 pour l’agriculture biologique ; 600 créations au titre de la formation ; 2 700 créations de postes d’éco-conseillers (conseillers développement durable, qualiticiens…); pour le secteur des industries agroalimentaires ; 600 créations d’emplois d’éco énergéticiens ; 10 000 emplois dans la distribution de produits issus de l’agriculture biologique ; pour les métiers de la forêt, de l’exploitation forestière et de la première transformation du bois, soient 23 620 emplois pérennes et 800 emplois liés à la croissance de nouveaux parcs d’ici 5 ans, enfin 4000 emplois attachés aux activités de gestion de la biodiversité.
* La filière Construction électrique, électromécanique et réseaux prévoit une évolution linéaire des emplois sur une période 2010-2015 et la création de 225 000 emplois sur la période. Parmi les principaux métiers: conception-études ; chargés d’affaires-technico commercial, production-fabrication, maintenance…
* La filière Transports table sur 100 000 emplois créés à l’horizon 2020, à partir d’une prévision de départs à la retraite de 92 000 salariés d’ici 2017 ; 100 000 emplois créés dans la formation initiale.
* La filière Raffinage, carburants et chimie verte programme 400 000 emplois directs créées dont 10 000 dans la raffinage, 126 000 dans le secteur des carburants et 250 000 en chimie pharmacie.
* La filière Biodiversité et services écologiques programme 30 000 professionnels en 2015 et 40 000 à l’horizon 2020 dans le secteur de la gestion, protection, valorisation et restauration de la biodiversité.
* La filière Eau, assainissement, déchets, air (EADA) prévoit d’ici 2015 la création de 40 000 emplois. 70 à 80% de ces emplois correspondent à des niveaux de qualification VI, V avec une nette prédominance masculine. Deux tiers de ces emplois correspondraient à des qualifications non spécifiques de la filière (taches administratives, conducteurs routiers). Un tiers seulement des flux liés au renouvellement et à l’accroissement des emplois appellent une formation spécifique, majoritairement dans les qualifications V et VI.
Certaines filières ne se risquent pas au jeu des prévisions :
*La filière Mer explique qu’il n’y a pas de nouveaux métiers attendus, mais une nouvelle organisation et une diversification des activités. Elle souligne la nécessité de développer des pôles de compétences, notamment dans la recherche (navires du futur), la formation et la qualification des équipages, le cabotage maritime ou encore l’intermodalité.
* La filière Energies renouvelables souligne qu’il ne faut pas s’attendre à une révolution en termes de création de nouveaux métiers (si ce n’est ceux de développeur de projet ou de contrôleurs /coordonnateurs qualité). Ce sont plutôt des compétences qui manquent dans certains domaines : ingénierie (chaufferies bois et biogaz), droit des énergies renouvelables, énergies marines…
* La filière Tourisme met en avant que la grande majorité des métiers du secteur verront leurs gestes professionnels et leurs comportements modifiés par la croissance verte. Un effort de formation sera donc nécessaire. Quelques métiers verts (conseiller en développement durable, risk manager, bilan carbone, éco conception…) devront mettre l’accent sur la formation au développement durable.
* La filière Automobile (257 000 emplois directs à la fin 2008 répartis entre la construction et les équipementiers) devra s’adapter en profondeur.
Les emplois verts de la filière doivent mobiliser des compétences contribuant à une réduction significative de l’utilisation des ressources mises en oeuvre (énergies, matières premières, consommables…), une maîtrise des impacts environnementaux négatifs liés à l’exercice des métiers, un gain environnemental lors de l’utilisation des produits ou/et des services.
La filière propose, entre autres, de développer une filière électrique et hybride compétitive.
Source : Le Figaro